CATALOGUE ROGER GODCHAUX

Florentin BRIGAUD

(1886 - 1958)


Florentin BRIGAUD

(1886 - 1958)


Ingénieur de métier, Florentin Brigaud se consacra à la sculpture relativement tardivement, à l’âge de 49 ans. Ses premières œuvres datent de 1935 et sa création ne s’étend seulement que sur 23 ans. Deux ans après sa mort, en 1960, le musée de la Monnaie à Paris lui consacra une rétrospective. La collection de son ami Edmond Roudnitska comporte un exemplaire de chacun des modèles créés par Brigaud ; elle reflète à la fois la constance et la diversité de son œuvre sculpté. Fasciné par l’Exposition coloniale de 1931, Brigaud décida de se rendre régulièrement à la ménagerie du Jardin des Plantes, où, en 1933, il rencontra le sculpteur Mateo Hernandez (1885-1949), qui l’encouragea à pratiquer son art. Commença alors une production intense. Comme Hernandez, Brigaud chercha à maîtriser toutes les étapes de la création de ses modèles, ainsi il reprenait ses plâtres, ciselait et patinait lui-même ses bronzes. Durant la Première Guerre mondiale, son métier d’ingénieur l’avait conduit en Russie, chargé par l’armée française d’une mission d’aide technique au gouvernement russe alors allié. C’est dans ce pays que Brigaud rencontra celle qui devint sa femme. Durant ces années passées en Russie, il ne cessa jamais de dessiner. Cette pratique de l’étude graphique du modèle est essentielle pour comprendre la démarche de création de Brigaud, qui procèdait, à la manière d’un ingénieur, par études minutieuses successives, quasi scientifiques du sujet. Il s’intéressait à la fois à l’anatomie et au comportement de l’animal. Contemporain de Pompon, il admirait son œuvre, mais entendait suivre une autre voie, qu’il estimait moins intuitive, davantage orientée vers l’abstraction des lignes. Dans une correspondance de 1950, Brigaud écrivait : « Je m’interdis de faire le portrait de l’animal que j’ai choisi, mais au contraire […] je m’efforce de représenter l’animal idéal tel que je me l’imagine et autant que possible dans une attitude noble. » 1 En 1952, Brigaud rencontra Henri de Linarès, peintre et fondateur du musée international de la chasse de Gien ; leurs liens ainsi créés furent à l’origine de la donation consentie en 1962 par la veuve du sculpteur d’une part importante de son œuvre. L’œuvre de Brigaud fut très appréciée par la critique contemporaine dès sa première exposition personnelle en 1947 : « La première fois qu’il nous fut donné à voir des sculptures de Brigaud, l’autorité de leur style et la maîtrise de leur exécution nous étonna. […] Nous avions la sensation très nette de nous trouver devant les ouvrages d’un artiste de haute classe et de grand métier. » 2 1 Yves Malécot, « Florentin Brigaud, sculpteur et médailleur », in Médailles, mars 1960 2 Maximilien Gauthier, « Florentin Brigaud », Mobilier et Décoration, n° 6, 1950