CATALOGUE ROGER GODCHAUX

Rembrandt BUGATTI

(Milan, 1884 - Paris , 1916)


Rembrandt BUGATTI

(Milan, 1884 - Paris , 1916)


Rembrandt Bugatti est né dans une famille d’artistes amoureux des animaux. Célèbre créateur d’automobiles, son frère aîné Ettore nourrissait une passion pour les chevaux. Au contact de son père, Rembrandt apprit tôt le dessin. En 1900, Carlo Bugatti exposa à l’Exposition universelle de Paris et deux ans plus tard, les Bugatti emménagèrent dans une maison située à quelques encablures du Jardin des Plantes et de sa ménagerie. La rencontre avec les animaux sauvages du Jardin des Plante bouleversa Rembrandt, qui ne les quitta plus, vivant à leurs côtés pour les observer et les modeler. En 1907, le jeune homme fut invité à résider à Anvers par la Société royale de zoologie, il put ainsi fréquenter le zoo le plus important du monde et représenter tous ses pensionnaires. Grâce au directeur du zoo, Michel L’Hoest, avec qui il entretenait des relations d’amitié, Bugatti put entrer dans certains enclos et nourrir les animaux. Dans une lettre à son frère, il écrit : « Ici, c’est comme si j’étais dans un désert entre des sauvages. Ma consolation, c’est le jardin zoologique où je passe toute la journée. » Malgré le triomphe de l’exposition de ses œuvres en 1910 à Anvers, Bugatti, malade et malheureux, s’enfonça dans la dépression, probablement pour des raisons sentimentales – il était secrètement amoureux de Barbara, la femme de son frère. Au début de la première guerre mondiale, il s’engagea comme brancardier dans la Croix-Rouge belge, au même moment ses œuvres étaient exposées pour la première fois à New York à la galerie Goupil (1914). Traumatisé par cette expérience de la guerre, il rentra à Paris, refusant de sculpter les animaux. Le 8 janvier 1916, il fut retrouvé mourant, étendu sur son lit en tenue de fête, laissant un bouquet de violettes et deux lettres, une pour le commissaire de police, l’autre pour son frère. « Bugatti n’étudia jamais l’anatomie des animaux, il les rencontrait, les modelait sur le motif, d’un seul jet, sans jamais reprendre son travail en atelier. « C’est par cette approche unique en son genre que Bugatti se différencie de tous les autres sculpteurs animaliers. Dans une des nombreuses lettres écrites à son frère Ettore, Bugatti nous livre sa conception de la création artistique : « Je trouve que l’artiste doit produire des œuvres pour son idéal. Je fais moi une œuvre pour atteindre mon idéal, car je sais que je ne le tiens pas encore. L’espérance c’est encore elle qui me pousse à continuer. » Style nerveux, vif, vivant, rythmé, sont les commentaires récurrents que l’on trouve à propos de Bugatti. Son élève et ami Albéric Collin disait de lui : « C’est à peine si, de toute une journée de travail, il disait deux mots. Certains jours il me faisait des remontrances. »